Lorsque Nautor Swan a annoncé le retour d’un Swan 51, beaucoup ont d’abord cru à un simple « revival ». Il s’agit en réalité d’un tout nouveau croiseur-performant par Germán Frers, positionné dans l’espace laissé libre entre les très populaires 48 et 55 pieds. Le chantier finlandais y voit « une vraie voiture de sport, plus qu’une limousine », capable de passer d’une régate de club à une transat familiale sans compromis.
Swan 51 : le chaînon manquant entre le 48 et le 55

Nautor’s Swan ressuscite l’iconique Swan 51, imaginé initialement en 1980 par Germán Frers et pionnier de la collaboration fructueuse entre le designer argentin et le chantier finlando-italien. La renaissance du modèle, dévoilée au Cannes Boat Show 2025, accueille une version moderne de ce concurrent de 16,9 m à la croisée du croiseur côtier et du racer blue-water.
ADN & philosophie : l’héritage réinventé
Le premier Swan 51 de 1981 avait inauguré la collaboration avec Frers ; le millésime 2025 renoue avec cette page d’histoire tout en capitalisant sur plus de 70 exemplaires du 48/55 déjà livrés. Retour d’expérience oblige, le mât reculé de quelques décimètres équilibre le centre de voilure et libère la grand-voile pour des couloirs d’écoute plus courts.
Trois visages, un même tempérament
Le chantier propose trois configurations :
- Cruise : plan de voilure de 147 m², accastillage simple, foc autovireur en option.
- Comfort : arche arrière qui sert de rail d’écoute et de support bimini, enrouleur de grand-voile dans le mât, self-tacking staysail pour équipage réduit.
- Sport : mât carbone +1,5 m, GV de 161 m², option grand-voile square top et bastaques réglables.

Performances marines et confort
Avec une surface de voile ghostée entre ~147 m² (Cruise) et 161 m² (Sport), la Swan 51 revendique une vitesse côtière et hauturière efficace, tandis que l’option tirant d’eau généreux offre une meilleure remontée au près. Le safran double et le plan de voilure tendu garantissent une trajectoire stable, au grand plaisir à la barre.

Nautor réinvente le Swan 51 sans renoncer à son ADN luxueux et marin. Ce voilier se positionne idéalement entre le Cruiser‑Performance et le blue‑water aisément gérable en équipage réduit. L’arceau facilite la manœuvre, les configurations évolutives séduisent tout type de programme, et l’intérieur contemporain et lumineux assure un confort digne de yachts supérieurs.

Pont modulable, cockpit repensé
Le pont propose trois configurations au choix : Cruise, Comfort et Sport, incluant un arceau inédite dans la gamme Swan. Ce roll-bar, soutien de bimini et point d’accroche pour les commandes de voile auto, rend la vie à bord plus fluide en configuration short-handed. Le cockpit généreux, doté d’une terrasse arrière escamotable, rejoint la philosophie conviviale et performante de la marque.

Une coque agile et équilibrée
Construite en sandwich mousse-verre, la coque adopte les dernières évolutions de Frers : équilibre optimisé, tirant d’eau adaptatif (standard 2,45 m, version « shallow » 2,05 m et version « performance » à 3,2 m), et double safran pour une prise de contact précise même à 20 ° de gîte. Résultat : une sensation de sportivité sans renoncer à la stabilité—le D/L de 124 et le ballast élevé en témoignent.

Caractéristiques principales
Swan 51 | |
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Longueur de coque | 15,55 m |
Longueur hors-tout | 16,90 m |
Largeur max. | 4,85 m |
Tirant d’eau (standard) | 2,45 m |
Déplacement lège | 18 t |
Lest | 6,3 t (quille fonte-plomb) |
Moteur | Yanmar 80 ch |
Carburant / Eau | 650 l / 500 l |
Avec un ratio D/L de 205 et une surface au près jusqu’à 150 % de la surface mouillée (version Sport), le 51 se place dans la tranche « performance-croisière » face aux Solaris 50, X-Yachts X5⁶ ou Italia 14.98.
Vie à bord : Misa Poggi signe quatre ambiances
Créée par Misa Poggi, la coque offre désormais un carré clair, une banquette en C, et un plan trois cabines avec suite propriétaire à l’avant et espaces invités arrière. Chaque cabine bénéficie de rangements soignés ; la hauteur sous barrots de 2 m et les larges vitrages créent un sentiment d’espace remarquable.
Le carré adopte la cuisine en « L » côté bâbord, un sofa « C-shape » opposé au coin nav, et trois cabines/ deux salles d’eau. Quatre atmosphères bois-textile (Swan Soul, Scandi Vision, Blue Genoa, Velvet Vibe) permettent de passer du nordique clair au noyer vernis façon classique. La cale machine, surdimensionnée, accepte groupe électrogène et dessalinisateur, signal que le programme offshore est clairement assumé.
Points notables
Le nouveau Swan 51 vient combler habilement une lacune dans la gamme Nautor Swan. Pour certains tourdumondistes, le Swan 48 était perçu comme légèrement trop petit, tandis que le Swan 55 nécessitait souvent un équipage ou un équipement hydraulique pour être facilement manœuvré. Le 51 répond donc idéalement à l’attente du propriétaire-barreur qui recherche autonomie et performance sans contraintes logistiques excessives.
Swan opte ici pour une personnalisation raisonnée, le chantier propose trois configurations. Cette approche permet aux propriétaires de maîtriser clairement leur budget tout en s’assurant un bateau parfaitement adapté à leur programme de navigation.
Le recul subtil du mât, qui équilibre la voilure tout en simplifiant les manœuvres, et l’arche arrière proposée sur la version Comfort, qui fait office de support de bimini et de rail d’écoute. Ces ajouts améliorent la facilité d’utilisation du bateau.
Enfin, la question du prix demeure centrale : bien que non officiellement communiqué, les brokers évoquent une fourchette située entre 1,6 et 1,8 million d’euros HT prêt-à-naviguer, ce qui représente une prime de 10 à 15 % par rapport à un concurrent direct tel que le Solaris 50. Ce tarif élevé doit néanmoins être relativisé par la solide réputation des Swans, dont la valeur de revente demeure historiquement très stable.

Le Swan 51 réussit à moderniser un mythe sans tomber dans la nostalgie. À l’heure où la taille moyenne des bateaux explose, proposer un 51 pieds hauturier, maniable en double, doté d’une signature esthétique forte et d’une valeur patrimoniale solide est un pari cohérent. Pour le propriétaire qui veut goûter à l’esprit Swan sans basculer dans la logistique du maxi-yacht, le milésime 2025 de ce 51 est une option de choix dans le segment.